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Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/227

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sentiments, de les intéresser en ma faveur. J’allai frapper à leur porte ; Henriette m’ouvrit.




La propre honte de cette jeune fille, si vivement peinte sur son visage, put seule me faire surmonter la mienne.

— Puis-je, mesdames, leur dis-je d’une voix émue, me présenter quelques instants devant vous ?… — Entrez, monsieur Jules, dit aussitôt la mère. Elle se tut après ces mots, et, me considérant en silence, des larmes commencèrent à ruisseler de ses yeux… — Que vouliez-vous nous dire ? reprit-elle d’une voix triste et altérée par les pleurs.

— Je voulais, madame, avant que votre famille décide de mon sort, vous avoir vue,… vous avoir parlé,… et je suis embarrassé à le faire… Je voulais dire à mademoiselle Henriette que dès longtemps mon unique bonheur est de l’aimer, de l’admirer, d’envier par-dessus toute chose au monde l’honneur d’associer mon sort au sien… à vous, madame, que je vous aimerais comme la mère que je n’ai plus ; que vous confieriez votre fille sans la perdre… que sais-je ? Chère madame, votre vue me pénètre d’émotion et de respect ; j’entends le langage de ces larmes que vous répandez… je crois que je saurai y répondre.

Pendant que je parlais ainsi, Henriette, moins émue, me considérait en écoutant attentivement mes paroles. — Henriette, lui dit sa mère, parlez à ce jeune homme… Vous perdre, mon enfant ! non, je ne saurais aborder cette pensée… vous êtes ma vie !… Jamais, dit Henriette avec une fermeté que tempérait un accent modeste, jamais, maman, je ne me donnerai qu’à celui