Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous trouverez dans mon Jules un cœur droit, aimant,… très-capable de comprendre et de remplir tous ses devoirs,… quand même l’humeur est gaie, et la tête aux beaux-arts.

Je dis donc que je vous remercie tous. Maintenant, que je vous dise mes idées, et les choses telles qu’elles sont. C’est ce garçon qui me remplacera. Mon petit bien est à lui. Il est à lui depuis vingt-un ans, dans mon testament… C’est donc lui qui, depuis vingt-un ans, me fait vivre… Il s’arrêta pour sourire.

À ce compte-là, reprit mon oncle, je ne lui coûterai plus bien longtemps, de telle sorte que l’avenir n’est pas nuit close… Ce petit bien, c’est une rente de cent vingt-sept louis, dont le capital est placé sur le meilleur vignoble du canton de Vaud,… sous la protection de Bacchus, comme vous voyez… Il a si bien su faire, que, depuis tantôt cinquante-quatre ans, la rente n’a pas failli une fois de m’arriver par trimestres…

Je dis donc que c’est cent vingt-sept louis… Là-dessus, cinquante, que me coûte ce garçon-là, lui sont assurés dès aujourd’hui… Ils seront livrés par termes, non pas à lui… mais à cette demoiselle, qui m’a paru hier une habile et fidèle ménagère.

Un murmure interrompit mon oncle. Écoutez… écoutez-moi… je vous prie… en tant que je n’ai pas de la force de reste… Ces cinquante louis seront pour faire aller le petit ménage… Mais, comme on dit, il n’y a pas de soupe sans marmite… or mon neveu n’est pas riche en ustensiles… tout son mobilier tiendrait sur ma main… Eh bien, nous voulons avoir, nous aurons nos marmites, notre buffet, nos meubles, et nous recevrons cette jeune dame comme elle en est digne… Voici comment.