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dinairement l’avalanche qui roule sur la demoiselle.....

— Attendez donc. Voilà mes deux poltrons qui se mettent à vociférer, le guide qui jure, la demoiselle qui crie au secours. Je les envoie à tous les diables, et, n’apercevant ni père ni chiens, je me lance dans l’avalanche, j’arrive droit sur leur demoiselle, et, aidé du guide, je la ramène saine et sauve sur la chaussée. Voilà l’histoire, dit notre touriste en terminant. — Puis s’étant pris à tousser : — Ça enrhume, l’avalanche. Bonne nuit, messieurs. Je vais me coucher et boire chaud. Là-dessus il se retira, sans nous avoir donné le temps de rectifier l’idée singulièrement erronée qu’il se faisait d’une avalanche.

On sait en effet qu’une avalanche c’est une pelote de neige qui, venant à se détacher des hauteurs, se grossit des neiges sur lesquelles elle roule, devient en peu d’instants une masse formidable, et, dans sa chute précipitée, brise, renverse, écrase tout sur son passage. Des circonstances accidentelles peuvent déterminer une avalanche dans tout endroit où la neige repose sur des pentes rapides ; mais c’est en général dans les mêmes couloirs et aux mêmes endroits qu’elles ont lieu chaque année, en vertu de circonstances, favorables et constantes qui leur font prendre cette route. En plein été, lorsqu’on voyage dans les Alpes, on reconnaît fort bien ces couloirs : ce sont de vastes pentes entièrement dégarnies d’arbres, de rocs, et au bas desquelles sont accumulés des débris séculaires que la végétation envahit et recouvre à mesure qu’en s’amoncelant ils se servent de remparts à eux-mêmes. Dans les hautes vallées, où les chaleurs sont de courte durée, les neiges qui se sont accumulées durant l’hiver au bas de ces couloirs, n’ayant pas