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Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/427

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LA PEUR.


Aux portes de la ville de Genève, l’Arve, torrent qui descend des glaciers de la Savoie, vient unir ses eaux fangeuses aux ondes limpides du Rhône. Les deux fleuves cheminent longtemps sans confondre leurs eaux ; en sorte que c’est un spectacle curieux, pour ceux qui n’y sont pas accoutumés, que de voir couler parallèlement dans un même lit une onde bourbeuse et des flots d’azur.

La langue de terre qui sépare ces deux rivières, près du pont où elles se réunissent, forme un petit delta, dont la base, large de quelques centaines de pas seulement, est occupée par le cimetière de la ville. Derrière ce lieu sont des jardins plantés de divers légumes, et arrosés au moyen de grandes roues qui élèvent les eaux du Rhône et qui les distribuent dans une multitude de rigoles qui s’entre-croisent. Quelques cultivateurs habitent seuls cette étroite plaine, que termine un bois de saules, puis une grève stérile. C’est à l’extrémité de cette grève que les deux rivières se réunissent et courent s’encaisser entre des rochers vermoulus qui bornent l’horizon.

Quoique voisin d’une ville populeuse, ce lieu pré-