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I

Aux premiers jours de juillet 1914, Bruxelles semblait en fête. Le beau temps des vacances étant venu, on partait pour la mer, pour la campagne. Dans la sombre gare du Nord, les voyageurs s’empressaient vers les trains ; des cyclistes poussaient leur machine, une jeune fille balançait une raquette, un enfant traînait une pelle à sable, et l’on voyait à la plupart des gens cet air joyeux que donne la liberté.

Devant l’express de Bâle, Philippe Héloir fumait une cigarette. De taille élégante, vêtu de gris, portant un chapeau mou, il avait la moustache fine et une boucle ondulée retombant sur le front.

Sa femme et sa fille, penchées à la portière du coupé, semblaient comme lui attendre quelqu’un.