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TROISIÈME PARTIE

la courte jupe, en abat-jour, descendait à peine jusqu’aux genoux !

À chacun de leurs mouvements, elles reculaient effarouchées ; une main sur la bouche, elles chuchotaient, intriguées par un mystère, et, craignant que ce fût un péché de s’y retenir en esprit, elles ne manquaient point de se garantir d’un long signe de croix.

Le lendemain, ce fut une avalanche de Français qui ruissela dans les rues : territoriaux poussiéreux que déversaient de vieux omnibus de Paris. Puis des Indous arrivèrent, la lance de bambou virgulée d’une oriflamme, et pareils à des statues de bronze, immobiles sur leurs chevaux.

Mais on s’aperçut, bientôt, que la ville était pleine d’espions. Plusieurs furent arrêtés, qu’on fusilla devant la maréchalerie militaire. On apprit qu’ils avaient des complices parmi la populace du quartier Saint-Pierre.

Durant la nuit qu’ils passèrent à Ypres, des Allemands s’y étaient enivrés. Ceux qui avaient pillé la bijouterie, pour offrir des cadeaux à des femmes du bas peuple, avaient amené celles-ci dans des « boîtes à soldats ». On rechercha les mégères qui s’étaient compromises ; et, bientôt, les soupçons s’étendirent aux plus honorables familles.

Encore qu’on n’eût logé les Prussiens que sur injonction de l’autorité communale, on fut inquiet ; on regretta d’y avoir obéi.