Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/213

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Les Claveaux, qui se trouvaient à Folkestone, conseillaient à leurs amis de les rejoindre sur cette jolie plage, où les logements devenaient abordables, depuis que l’affluence des fugitifs commençait à diminuer. Le médecin y avait rencontré sur la digue les Fontanet, les Grassoux, les Van Weert. Mais il était sans nouvelles des Sauvelain et d’Axel Borg, sans doute restés en Belgique. Un télégramme de Hollande lui assurait que leurs noms ne figuraient point sur la liste des réfugiés. Sylvain n’avait pu en apprendre davantage.

De savoir Lucienne à Folkestone, Philippe se sentit moins heureux qu’il n’était attristé au sujet des Sauvelain.

Il ne se pardonnait point d’avoir, dans un moment de panique, oublié son beau-frère et sa sœur, de s’être enfui sans s’inquiéter de leur sort. Bien qu’il les tînt plus chers que personne au monde, excepté Marthe et Lysette, il n’avait pensé qu’à elles, dans la frayeur du départ.

Depuis, le souvenir de Frédéric et d’Yvonne le suivait jusque dans son sommeil. À mesure que s’avançait la guerre, il se reprochait davantage de les avoir quittés. Cette brutale séparation devait leur sembler inexcusable ; sans doute, lui gardaient-ils rancune ? Évidemment, la terreur en était cause ; mais eux, seraient-ils partis sans s’inquiéter de lui, de Marthe et de Lysette ? Philippe ne le croyait pas.

Que faisaient-ils à présent, dénués de ressources,