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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/228

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QUATRIÈME PARTIE

Mme Fontanet, d’une palpitation de la main, dispersa toute parole imprudente :

— Il faut reconnaître, dit-elle, que la charité des Anglais est admirable. Lucienne en convient.

Elle fit l’éloge de Mrs Wood, qui apportait une angélique patience au soulagement des malheureux. Et, s’adressant à Philippe, elle lui conseilla de venir au Refuge, pour y constater l’existence d’une générosité non plus individuelle, mais nationale ; car il semblait que toute l’Angleterre s’émût à secourir les réfugiés.

— C’est par milliers que nous recevons, chaque semaine, des offres de logement. Nous ne sommes plus réduits à expédier des trains de misérables au grand Refuge de Londres. La province nous les demande… Il y a aussi moins de confusion qu’au début. On tâche, autant que possible, d’envoyer les ouvriers dans les villes industrielles et les paysans à la campagne. Quant aux bourgeois, la bonne Mrs Wood me prie de l’aider à en faire le triage ; et je vous prie de croire que ce n’est pas toujours facile ; beaucoup de ces braves gens s’imaginent avoir sauvé l’Europe, ce qui leur donne assez de prétentions… Mais, j’oublie !… Vous verrez au Refuge le sémillant monsieur Van Weert.

— Lui ?

— Cela vous étonne ?

— Il joue donc les philanthropes, à présent ?

— Oh ! sans rien y mettre de sa poche. Il est en rapport, je ne sais comment, avec un comité de