femme vingt et un. Cela se rapporte assez bien à l’apparence des amoureux de Lugano.
— Je vous l’accorde, mais cela ne suffit pas.
— Il y a plus… Vous prétendiez qu’ils n’étaient pas mariés ; et je crois que vous aviez raison, car l’homme dont on parle ici a quitté sa femme et ses enfants…
— Alors, il ne m’intéresse plus, c’est un vulgaire égoïste.
Et il rendit à Lucienne la coupure de journal. Blessée de sa brusquerie, elle repartit fièrement :
— Croyez-vous que je vous aurais apporté cela, s’il n’y avait autre chose que du vulgaire égoïsme ?
La voyant irritée, Philippe regretta son humeur agressive :
— Je n’ai pas lu… Je vous demande pardon.
Mais Lucienne reprit, avec une expression d’amertume :
— Il fallait en prendre la peine… Vous auriez vu que la jeune fille parle des années de luttes au long desquelles ils ont courageusement résisté l’un à l’autre… Il faut vous dire que cela se passait en Écosse. Imaginez-vous le milieu puritain, la force de l’opinion, les débats de conscience de ces amants, puis la fuite, quand ils s’aperçurent qu’ils ne pouvaient plus vivre séparés.
— Et le suicide… N’oublions pas le suicide !
— Que voulez-vous ! Ils n’avaient plus d’argent… La perspective de retourner en Angleterre, où chacun les repousserait comme des malfaiteurs, les effrayait plus que la mort. C’est du moins ce que prétend la