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Page:Torcy (Blieck) - L'exode, 1919.djvu/48

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PREMIÈRE PARTIE
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voudrais rentrer le plus tôt possible à Bruxelles. Il me faudra huit jours pour assembler mes notes. Puis je voudrais voir l’exposition de mon beau-frère, qui va se clôturer bientôt.

— Il paraît que la presse a été bonne…

— Excellente ! Ce n’est pas malheureux… Après vingt ans de luttes, il est parvenu à imposer son art. Mais ce qu’il y a fallu d’énergie !… Il y a, d’ailleurs, perdu la santé. Ses confrères ont tout fait pour le décourager, pour lui barrer la route… Les requins !… Il n’y a rien de plus féroce que les artistes, à l’exception des femmes.

Que tout cela était loin de leurs pensées actuelles ! Aussi reprit-il, après un silence :

— À propos de journaux, vous parliez d’une coupure à me montrer.

Lucienne sourit avec ironie. Glissant deux doigts dans son corsage, elle en retira un papier plié, qu’elle tendit à Philippe.

L’écrivain le parcourut.

Il s’agissait d’un drame assez banal. Des amants s’étaient suicidés dans une chambre d’hôtel, et la jeune femme — une Anglaise qu’on avait pu sauver — témoignait devant le juge d’instruction.

Aux premières lignes, Philippe s’arrêta :

— Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il s’agit de nos Anglais ?

— Un pressentiment… Je n’affirme rien, mais vous verrez plus loin que l’homme a quarante ans, la jeune