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poir de les faire approuver plus tard, ou de les vendre mieux. Mais sur les points où l’industrie chevaline est annihilée par les avantages que produit l’élève d’autres animaux, ou par toute autre industrie agricole, cette sage mesure ne produira aucun fruit. Et c’est cependant dans ces contrées, où le nombre des juments est quelquefois considérable, qu’il faudrait forcément appeler l’attention des cultivateurs sur l’amélioration de l’espèce chevaline.

En citant un exemple de l’incurie des cultivateurs pour l’amélioration de l’espèce chevaline, je me ferai peut-être mieux comprendre.

Dans le département du Calvados, l’arrondissement de Vire possède plus de quinze mille juments qui toutes sont livrées à la reproduction. Pour la saillie de toutes ces juments, il n’y a dans tout l’arrondissement que quatre étalons nationaux en station au chef-lieu ; un pareil nombre d’étalons approuvés se trouvent dispersés dans le reste de l’arrondissement. Les cultivateurs, qui ne peuvent en profiter, vu leur éloignement et leur rareté, conservent chez eux un cheval entier de race bretonne de la plus commune espèce, qui, tout en faisant le service de limonier, est chargé de la saillie des juments de la ferme. Les ascendants étant de qualité très-médiocre, les descendants sont nécessairement mal conformés, très-communs, et ne sont guère propres qu’à porter des choux au marché ou à traîner une brouette. Et cependant tous ces produits se vendent à la foire d’Etouvy, où quelques cultivateurs de la plaine de