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Page:Touchatout - Le Trombinoscope, Volume 1, 1871.djvu/104

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le procès des treize et condamné à 500 francs d’amende pour avoir participé aux travaux d’un comité électoral constitué sans autorisation. Telle était la loi à cette époque : depuis les ministres jusqu’aux gardes-champêtres, tout le personnel administratif manœuvrait comme un seul homme pour faire élire des candidats officiels du gouvernement ; mais il était défendu à vingt individus de s’entendre pour essayer d’en faire nommer un autre. Heureusement, le 4 Septembre devait changer tout cela… seulement, il ne l’a pas fait. — En 1865, M. Jules Ferry entra à la rédaction du journal le Temps, où il se fit bientôt remarquer par la vivacité de ses attaques contre l’empire. Nous sommes forcé de répéter à propos de M. Jules Ferry ce que nous avons déjà dit de ses collègues Jules Simon, Jules Favre et Ernest Picard : l’opposition fut pour lui ce qu’elle avait été pour eux, un métier comme un autre, plus agréable même qu’un autre ; mais le jour où, après avoir fait semblant pendant cinq ans de renverser l’empire, ils le virent s’écrouler tout seul, ils ne furent ni les moins saisis ni les moins ennuyés, car ils sentaient bien, tous, que le moment de l’action était arrivé pour eux et que leur impuissance allait être démasquée par la chute du pouvoir qui leur avait servi de paravent. — M. Jules Ferry fit un certain bruit avec la campagne qu’il entreprit contre l’administration de la Ville de Paris. Cette campagne doit être à son actif ; il fallait cela, du reste, pour que la colonne ne restât pas en blanc. — M. Jules Ferry publia plusieurs articles très-vifs et termina par une brochure à sensation : les Comptes fantastiques d’Haussmann, dans laquelle l’anse du panier municipal était surprise, au moment où elle sy attendait le moins, se livrant à un cancan échevelé qui eût fait rougir la princesse Mathilde. — Aux élections de 1869, M. Ferry se présenta dans la 6e circonscription comme candidat de la démocratie libérale (naturellement !…) et il fut élu par 16 000 voix, sur lesquelles, si c’était à refaire, il en retrouverait bien aujourd’hui 34. — Une fois à la chambre, M. Jules Ferry continua comme ses collègues de la gauche, sa petite opposition de famille, et l’histoire ne constate pas qu’il se montrât plus impatient qu’eux de proclamer en août la déchéance de l’empire, alors que tous les matins l’homme de Sedan inondait Paris de dépêches navrantes, nous apportant la preuve qu’il avait entrepris la guerre comme un homme qui part à la chasse à l’ours avec une canne à pêche. Pas plus que ses collègues, M. Ferry ne retarda d’une demi-heure son déjeuner pour monter sur une borne et mener le peuple aux Tuileries ; si le peuple ne s’en était pas mêlé lui-même, l’impératrice y chiffonnerait encore et Emile Ollivier, à l’heure qu’il est, serait en train d’expliquer au Corps législatif que c’est à la Lanterne seule que nous devons la perte de l’Alsace et de la Lorraine, ce qui serait voté par 535 voix contre 18. Cependant, avec le 4 septembre et l’investissement de Paris, le moment était venu pour M. Jules Ferry, qui avait si bien jardiné la gestion de M. Haussmann, de déployer à son tour ses hautes capacités administratives. Il ne se