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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/101

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ces paupières basses qui battaient comme, sous la main, la gorge d’un oiseau captif.

N’aurais-je pas deviné leur trahison que les châtiments me l’auraient appris qu’il s’était mis tout de suite à lui infliger, — jusque dans la chambre à côté où le bruit éclatant de sa chair humiliée, et tous les pardons quelle implorait, ne m’en avaient laissé ignorer quoi que ce fût, et, entre autres choses, que ces traitements que je regrettais ne lui faisaient à elle aucun plaisir.

Au moins trouva-t-elle dans cette liaison de quoi satisfaire un goût étrange qu’elle avait de la tristesse.

Cet amour des larmes était chez elle naturel et vif. Quand elle se fit catholique, par crainte, disait-on, de se trouver dans le même paradis que son huguenot de mari, on dut lui réapprendre tout son catéchisme, dont elle savait moins qu’un enfant ; et à l’idée des saints et de l’éternité bienheureuse :

— Hélas ! dit-elle, et ne pleurent-ils donc jamais ?

Et elle disait encore, à propos des larmes, que la vie en doit être assaisonnée ; comme ces bonnes huîtres, où il reste un peu d’eau de la mer.

Pour en revenir à d’Armentières, elle ne tarda pas à ressentir combien il était facile à se détacher. Une nuit qu’ils étaient tous deux près de s’abîmer en un mutuel abandon : « Vous me faites mal ! » dit-elle. Lui de s’excuser, de s’interrompre : « Ah ! s’écria cette femme belle et sensible, voilà que vous redevenez honnête, chevalier : vous ne m’aimez plus. »

Il lui fallut bien en passer par là, elle aussi, pardonner,