Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/115

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— Ce n’est pourtant pas moi, je vous jure, qui, aux fins de séduire les Réservoirs, viens de passer une heure dans les mains d’un merlan…

(— Frit, murmure le baron à Lœtitia, qui pouffe.)

—… Ni qui me lie étroitement, pour marcher plus vite, les jarrets. Telle, sans doute, fut la courroie, dont un apothicaire ingénieux empêchait sa femme de courir.

— Oui, dit Lœtitia, et telles étaient, dans ce pays d’Italie, — vous savez : où il y a Milan, — ces vignes qui laissent pendre, entre deux ormes, leurs grappes, comme une guirlande.

— Peste, fit Béhanzigue. Mais, telle aussi, sans doute, fut la chaîne qui mesurait à Salammbô le rythme et l’écart de ses jambes divines ?

— Divines, on dit toujours ça. Pourquoi divines ?

— Mais… parce qu’elles descendaient des dieux. Ou des Baals, plutôt.

— Ah, si vous saviez d’où les miennes descendent : pas mes Baals… mes jambes.

L’homme mûr devient tout vert, en dedans. Mais il affecte un air dégagé, et demande :

— C’est au cintième que logent vos amitiés ?

— Que voulez-vous, dit Lœtitia : lorsque je place mon cœur, c’est le plus haut possible… Mais voyons ces bonbons : je suis sûre que vous avez pris de ceux que je n’aime pas. Là : j’en étais sûre.

— Comment les aimez-vous ?