Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/116

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— Vous savez bien : de chez Chose, avec du marasquin.

— Voici, dit Nestor. Et, pareil à l’homme sans ombre, il tire l’objet de son manteau.

Lœtitia est jugulée.

— C’est tout de même mufle, dit-elle, en remerciement. Mais alors, les pas-au-marasquin ?

— C’est moi, explique Béhanzigue, qui avais cru pouvoir…

— Béhanzigue, vous êtes un amour. Au fond, ce sont les vôtres que je préfère.

Et tendant au « vieillard » la seconde boîte :

— Tenez, dit-elle, vous les donnerez à votre chauffeux. Ce pauvre Francis, lui aussi a besoin de douceurs.

Et cependant, voici les grandes ombres de Versailles, où jaunissent l’automne et le soir. Voici Trianon, royale musique que l’on entend avec les yeux — avec des yeux ivres de rose. À travers sa colonnade nouvellement ouverte, on voit s’assombrir, par delà les arbres et les bassins, un ciel tout uni qui a l’air — mais si loin qu’on ne la saura, de la main, jamais atteindre — d’une haute muraille de saphir, que saupoudre un soleil oblique.

— C’est joli, dit Lœtitia. Et ce jardin, ajoute-t-elle avec mystère : savez-vous à quoi j’y songe ?

— Mais oui, dit le vieux Monsieur : vous songez à Watteau.

Lœtitia est vexée. Du bout de son ombrelle, elle trace sur le sable les hiéroglyphes d’une âme incomprise. Car c’est être incomprise — votre cœur vous l’a déjà dit, ô Lœtitia, — que