Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/135

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Deux nuits plus tard, les mêmes personnages entraient dans le même cabaret, mais que déchu, hélas, de sa gloire. Tous ces Prométhées à rebours, en bourgeron et corduroy qu’on appelle des électriciens, avaient soufflé sur ces lumières, tolérées pourtant par M. Viviani, l’eteigneur d’étoiles. En sorte qu’on était éclairé de bougies rares, fichées dans des bouteilles.

— Voyez, Loetitia, oh sera confortable : il n’y a presque personne.

— Il y a vous, dit-elle, d’un ton de reproche. Dans là pénombre, on ne distingue très bien ni sa bouche sinueuse, ni ses yeux pareils aux feuilles du saule. Mais on voit bouffer ses cheveux pâles : on dirait des filigranes d’or.

—Prenez un de ces fauteuils, Lœtitia : ils sont profonds comme la tombe.

— Ah ! les boniments, murmure-t-elle.

— Et ne prenez rien plus, croyez-moi. Car j’ai dans ma folle idée qu’ici les « Verres » sont imbuvables.

— Vous avez raison… Je boirai un lemon-squash.

— Au moins que ce soit une orangeade. Vous ne savez pas ce qu’ils mettent dans leur squash, au lieu de citron.

— Des horreurs, évidemment. Mais lesquelles ? Peut-être des têtes de vipères, avec, de cette encre rouge, qui sent si