Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/139

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lectriciens, etc., etc., martellent et cisellent vôtre insomnie. Ne pensez pas au moins qu’une circonstance heureuse — fête chômée, grève ou tempête — en dispersant tout ce cheptel de travailleurs, vous rende le repos. Car les co-locataires veillent sur votre veille ; ils savent combien il est dangereux de dormir le jour.

Au moment délicieux que vous vous sentez glisser dans un sommeil pareil à l’eau tiède, un choc sec et sournois, comme un déclic, vous frappe au cœur ; puis un second, plus vif ; puis d’autres encore qui, peu à peu, en progression régulière, grossissent, se multiplient, fourmillent. Vous les avez reconnus : ce sont les coups de marteau.

CHŒUR

Ah ! qui saura jamais à quoi le Monsieur d’en dessus, entre ses heures de bureau, emploie-t-il ses heures de loisir : et qu’est-ce qu’il peut bien clouer, dès qu’il a un peu de tranquillité devant lui (la vôtre) ? Est-ce un passionné de tabletterie en chambre, un entomologiste, un cordonnier ? Construit-il des étagères en bois découpé ; est-ce des chromo lithographies qu’il suspend à ses cloisons ou des pointes qu’il enfonce dans la gorge osseuse de sa vieille maîtresse ? Cruelle, cruelle énigme.

Mais, peu à peu, des concurrences s’éveillent aux quatre coins de la maison. Dans l’immeuble contigu, un concierge monomane ébranle à sourds efforts de bélier la muraille