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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/154

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polis qui, d’après un de nos gazetiers, « indiquent une femme amoureuse de sa personne ».

— Je croyais que c’était de la tienne.

— Ça n’a pas d’importance ; déjà nous ne faisions plus qu’un.

— Et à propos d’ongles, reprend la blonde, je connais une très bonne recette pour les polir. Ça vaut bien mieux que le corail : c’est la Pâte au Sabre, une espèce de savon dont les ménagères se servent pour l’argenterie. On mouille le savon, on s’en enduit les ongles, on laisse sécher et on passe au polissoir. C’est Luce de Romarin qui m’a enseigné ça ; elle le tenait de Nathan…

— Nathan, d’ailleurs, Nathan… jeta Béhanzigue.

—… Tu sais bien, ce petit qui est de Buda-Pesth…

— Ma chère.

— Lui, l’avait appris avec Bilikoff, qui le tenait de sa mère, qui…

— Pardon, si je vous coupe, comme disait le Grand Prêtre, mais, pour en revenir à ma conquête, le moment vint de nous quitter. L’on me remet aux mains de la femme de chambre, qui, au lieu de m’ouvrir la porte, se met à chercher dans sa poche, secoue la tête, et s’en va. Et là-dessus j’entends, dans une pièce à côté, la dame à la voilette qui me croyait parti sans doute, et disait à quelqu’un : « Eh bien, baron, qu’est-ce que vous pensez de mon petit cinématographe ? » À quoi une vieille voix toute cassée répondit : « — Ah ! les jeunes gens d’aujourd’hui manquent de nerf. Si vous aviez connu Gramont-Caderousse. » À