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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/162

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— Au lieu que tous ces pays en tôle peinte, Ceylan, Capri, Saint-Sébastien où l’on s’enrhume…

— Si vous connaissiez, dit Béhanzigue, le pays de l’Entre-deux-mers, où je suis né, près de la Dordogne aux belles eaux, sous un ciel mouvant. Là, quand le printemps s’éveille, tout un peuple, dans ses vignes, épars, les poudre d’un azur étrange, tout en répétant le vers bien connu de Gregh :

Ils ont injustement parlé de moi, je soufre.

—Et moi aussi, dit Lœtitia. Mais c’est de faim.

— Si on irait chez Rumpel, dit Fô. J’aime les fournisseurs qui portent de ces vieux noms de France.

Et il se leva en fredonnant :

Orléans, Beaugency. Notre-Dame de Cléry

Il chantait encore dans la pâtisserie, quand une commise l’interrompit en lui présentant une carte :

— Il y a un Monsieur qui voudrait parler à Monsieur le vicomte.

— Faut-il que je me parisianise, s’écria le Chinois, flatté d’être reconnu. Voilà qu’on me traite comme tout le monde, maintenant, comme si je ressemblais à la Rubinstein, ou à Rapopor… et qui ne se ressemblent pas — non, heureusement.

— Mon cher, observa Béhanzigue, pour avoir l’air parisien, il faut y être né. Regardez-moi.