— Et de mon avis, ô Béhanzigue, sur la toilette des femmes, qui doit être luxueuse. Quoi, si j’eusse été conquérant ; ce qu’à Confucius ne plaise, croyez-vous que j’aurais voulu piller des villages pauvres et sales, de ces bourgs prussiens qui n’abondent qu’en cochons. S’il est vrai que dans l’amour le plaisir suprême doit se désarmer, encore faut-il que cela n’aille pas sans dommage. Ô joie de retrouver quand la ville fut prise, de retrouver le beau chapeau de la dame changé en paillasson d’un grand âge ; et sa jupe plus pleine, Lœtitia, de faux plis que votre éducation. Mais si elle était venue en robe hollandaise et galure d’Oberammergau, quoi qu’en faire ?… Ah non, j’aime mieux la France.
— Ouais : si jamais nous découchons avec, fiez-vous que je mette des hardes de l’autre année.
— D’avant le Brésilien ? Eh bien, habillez-vous en dryade, et je me consolerai avec le paysage. La première fois que je fus à Paris, je vis le train traverser, au sortir de Marseille, je ne sais quelle oasis fraîche et fruiteuse, où l’on faisait les foins…
— Oui, dit Béhanzigue, je sais : ça finit en « elle ».
— Il y avait là de chantantes faneuses, dont les gestes s’harmoniaient au soir. Un ciel d’après couchant faisait les couleurs plus profondes. L’air était volubile et parfumé. Et toutes ces filles aux robes en fleur, on eût dit de ces nymphes, je vous dis, et chères aux Grecs, qui naissent de l’arbre ou de la source.
— Des fées, ça s’appelle observa la modiste honoraire.