Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/167

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chez lui ». Tout cela fut reconnu faux dans la suite (les raisons de ce suicide n’ayant jamais été découvertes), mais servit ce jour-là d’aliments aux discours de ces braves garçons, qui, bloqués comme moi par la tempête, dans cette salle à manger, se laissèrent tout doucement glisser du déjeuner à la manille aux enchères.

Je profitai d’une éclaircie pour aller retirer mon paquet du commissariat. C’était un manuscrit assez court, dont Béhanzigue me priait, par quelques mots écrits en tête, de disposer à ma guise. Le mieux a paru d’en copier fidèlement une partie : ce sont les notes qui suivent. À les relire, comme si je revivais ce jour où je les ai reçues, il me semble entendre encore les cris des joueurs de cartes, le bruit des verres, le vent qui, au dehors, éparpille la neige.

Ile de France, 189.. —— Je fus, l’autre jour, au jardin des Pamplemousses, un beau jardin qui a bien plus de cent ans où l’on, entre par des grilles dorées, des allées larges et sinueuses. Et c’est le quartier de Paul et Virginie. Tandis qu’on pense, au détour du chemin, rencontrer Mme de la Tour, en mousseline blanche, on bute contre un tertre où dort une cendre fictive : c’est la tombe de Virginie.

Nous avions emmené avec nous quelques dames d’une troupe de passage ; et la modestie de mes goûts m’avait amateloté à une figurante de dix-sept à dix-huit ans. Monmartraise de race et de discours, qui a de longs cils et une chair couleur rose-thé. L’air, qui était imprégné d’une odeur de