Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/28

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chevelure. C’est un… (ici une diffamation). Pourquoi qu’y m’a battue ? J’avais rien fait.

— C’est bien pour ça, répliqua froidement La Semeuse. Travaille ; ou t’plains pas de la pécole. Les gonzesses, c’est pas rien que pour l’honneur qu’on les raccompagne. Comme si elles nous marraient pas déjà assez !

Ayant, à ces paroles ailées, éventé le fond de son cœur, Alexy au délicat visage se rassit. Mais sa compagne reprit, non sans courroux :

— Pour ce que tu en fais des gonzesses ! De quoi donc qu’elles chanteraient l’Alléluia ? C’est-il d’être logées rue du Cherche-Midi tous les jours, la nuit comprise ?

— Ta bouche, Princesse ! Et ta mère, est-ce qu’elle te corrigeait pas, elle aussi, du temps que t’étais ouvrière ? Remercie-moi, que je la remplace.

Ainsi parla le bel Alexy, et s’étant levé, contempla sa paume, comme pour cracher dedans. Mais M. Filéma intervint.

— Là, là, dit-il avec son air paternel. Les querelles d’amoureux ça se règle à la maison, entre deux baisers. Toi, la Semeuse, crois-en mon expérience, tu as tort de ne pas aimer les dames. J’en ai connu, dans la vie, à qui ça n’a pas porté bonheur.

Là-dessus il prit une pose, car ayant lu des romans judiciaires, il aimait à conter ; mais qu’on l’en priât.

—— Il tient son feuilleton, le vieux, murmura Gustave-Alphonse.

— Allons, Papa, appuya le patron, dégoisez-nous votre truc.