Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en cage qu’élevait le bistro sous la garde intermittente d’un dogue et d’un roquet. C’était du reste un coursier paisible que Pigaille, et l’âge avait guéri chez elle l’outrecuidance de jouer au plus courir contre ses grands-frères, les chevaux— vapeur.

Aujourd’hui même, le cocher était venu faire mettre son couvert, en payant sa bienvenue d’une bouteille de pseudo Bourgogne aussi chargé en goût qu’en couleur : de ces vins dont l’énergique jeunesse fait dire : « Mâtin ! », après qu’on en a tâté. La mayonnaise, où triomphait Gustave-Alphonse — une belle sauce couleur d’or, dont l’onctuosité donnait envie de faire de la peinture avec — n’avait pas manqué au festin : elle était même accompagnée de poulet froid, comme dans les natures mortes. Et après le café, on s’en fut tous trois — Eulalie en peignoir mauve — au Zanzi des Cœurs, où Pacôme offrait une tournée.

Alexy, dit La Semeuse, s’y trouvait déjà, avec une jeune femme, dont les cheveux étaient pareils à une assiettée de pommes-paille. Pour le moment, d’avoir versé des larmes, elle avait le nez rouge, les yeux gonflés ; et, ses coudes posés sur le guéridon, elle en contemplait fixement la tôle peinte en vert.

— Et alors, ménesse de choix, marivauda l’amant d’Eulalie, il a donc grêlé sur le ménage ? Ou c’est-y qu’on aurait encore joué au fout’beigne avec vos intimités ?

— Et comment ! fit Alexy.

— C’est un lâche, cria en retour la jeune femme à la craquante