Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/49

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aux alentours, sous le soleil de Juillet déjà bas : la rue, les maisons, les gens. Seul, tout à coup, dans le silence de l’été, le perroquet d’une voisine, exaspéré par la chaleur, se mit à crier, comme un héros, jadis :

« Nom de Dlà ! Via les Belges — f…ons le camp ! » Et avec tout le cœur d’une Cassandre en retard, il s’évertuait à faire retentir au loin cette ennuyeuse nouvelle : « Vlà les Belges, vlà les Belges ! Nom de dlà-a-a-a !  !  ! F…ons le camp !  !  ! »

Peu à peu la chaleur était tombée et le perroquet redevenu silencieux. On entendait des gens aller et venir dans la rue, tandis que leur passage jetait sur la toile du store une espèce d’ombre chinoise, gênante comme un témoin. Un flacon de Lubin qui, dans l’esclandre, avait coulé par terre, remplissait la chambre de son épais parfum.

— Il faut avertir papa, songea la jeune femme.

— Pourquoi faire, demanda M. Dophin, qui depuis le meurtre, vivait dans un brouillard. Tout d’un coup, comme une lame de canif, le souvenir de ce qu’il avait fait lui rentra dans la mémoire.

— Et qu’est-ce qu’il en fichera ? Il le mettra pas en daube.

— Je ne sais pas. Peut-être l’emporter par la fenêtre.

Car Pacôme Filéma, père d’Eulalie, était cocher de fiacre, et fort dévoué au jeune couple.

— Des fois, concéda Finfonce… C’est vrai que nous sommes au rez-de-chaussée. Et dans la nuit… Mais il faut d’abord refaire un peu la chambre. Sans compter qu’il y a lui.

— Eh ben quoi ? N’y a qu’à le coucher en attendant.