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Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/67

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Mais les Carrier sont plus fermes que Chariclée, étant de stuc ; et aussi plus Second Empire. C’est de l’art de surtout, si on veut : mais de surtouts pour Gargantua ; rien qui vaille, en tout cas, ses délicieuses cires, inspirées de Clodion, ou de Moitte.

Chariclée est appuyée, et regarde Béhanzigue qui la regarde. Chariclée a la tête grosse, toute floconneuse d’un or mal acquis, les épaules remontées, une bouche de maître d’hôtel sans place, et le nez de la Sulamite. Mais ses yeux ressemblent à deux lacs de lumière. Parfois y scintille, au plus profond, l’éclat d’une rage secrète ; d’un serpent, — qui le sait ? — mystérieux, perfide, et d’or. Cela cause un petit frisson. C’est comme la peur irraisonnée qui rayonne d’un ciel trop clair, où midi s’embrase et se décolore. Midi veuf de chansons, d’ombres, de fontaines ; midi vêtu du seul éclat de l’heure, et si terrible en son aride solitude qu’à peine l’on frémirait encore à voir dans la poussière, — la molle, la sourde poussière, s’empreindre un pas fourchu.

— Oui, je rêvais, reprit Béhanzigue. Vous ne fûtes point, Madame, sans ouïr célébrer Badoure, princesse de la Chine, qui fut de taille tant étroite qu’elle n’osait plier, fut-ce au bord d’un lit, — et de reins si habiles à s’asseoir, que les carreaux aux mille et une arabesques où elle en abandonnait la bénédiction, ce n’est point sans gémir qu’ils portaient leur gloire.

— Cela, dit la marquise Odoacri, est libidineux.

— Cela surtout, reprit M. de Béhant, est oriental. Quoi