Aller au contenu

Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

commode, dont le ventre rococo (ah ! c’est plus joli que les chambres de bonnes munichoises, au Salon d’Automne), — dont le ventre, dis-je, est tout tatoué (comme le mien), d’un tas de petits Célestes très inconvenants.

— Bah, fait Béhanzigue, les expositions, ça n’est jamais sûr. C’est ainsi qu’un de mes amis, qui avait envoyé un Raphaël à Costa Rica…

— Pourtant, M. Vaudoyer m’avait dit…

— Bon, si vous écoutez les poètes. Ils vous feront croire que la lune est d’argent.

Cependant, les Chinois continuent de regarder ces visiteurs bizarres. Les uns, c’est en faisant l’amour à des bergères emplumées. Les autres, plus modestes, boivent du thé, ou bien le cueillent ; sans compter ceux qui sont à balançoire, et tous, — à part ceux de la dynastie Hue-Dia ! — ce sont de bons Célestes de France, des cousins de la Favart, ou de la Camargo. Ils ont, malgré leurs moustaches tartares, et l’ombre de leur parasol, le visage délicat et fier : un visage à la Fontenoy. Ils ont l’âme sensible, et rendent à l’Etre suprême des honneurs chinois avec des cassolettes Pompadour. Et ils ne semblent pas très intelligents.

— Regardez-les, observe Béhanzigue, qui daigne leur jeter un regard circulaire. Des types dans le genre du duc de Nivernais ! Ils ont beaucoup moins de génie que Jeanjaque, et beaucoup plus d’esprit que ce Boche de baron Grimm. Mais ce qui les ennuie, c’est qu’ils ne sont pas sûrs de n’être pas Turcs.