Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/91

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fois ce qu’il contenait : des bijoux d’enfance et des souvenirs de première communion.

Un regain de curiosité le prit : il tira le tiroir qui, pris de côté, résista et, tiré de nouveau avec un peu de violence, s’abattit tout d’un coup, en découvrant par la secousse un double fond à secret, très primitif, qui contenait quelques lettres.

Le vieillard les prit et, ne reconnaissant pas l’écriture, s’approcha de la fenêtre.

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II y en avait une dizaine, jaunies, attachées avec une faveur bleue et signées d’une grande écriture insolente : André de Jarnac.

La première commençait par « Madame », », et c’était une déclaration. M. Desrochers sauta à la dernière. Celle-là disait : « Ma chère Reine » : c’était le nom de Mme Desrocher. La lettre parlait de rupture, brutalement ; il s’y trouvait aussi une tirade bête et sentimentale sur « Anna, enfant de l’amour ».

Malgré le désespoir aigu qui l’avait envahi, cette phrase le fit songer aux titres de Ducray-Duménil, et il eut un rire contenu.

Des pensées stupéfiantes et contradictoires passaient dans son cerveau. Un moment, il lui sembla que cette histoire n’avait pas de rapports avec sa vie, qu’elle intéressait des personnes autres que lui-même, connues autrefois.

Puis tout cela tourbillonna ; ses notions de temps et d’espace