Page:Toulet - Béhanzigue, 1921.djvu/93

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à la fin par quelques plaisanteries gauloises sur le mari et par la grossièreté des adieux.

Quand il eut achevé la dernière, M. Desrocher prit une boîte d’allumettes, et les brûla toutes sur la fenêtre. Un peu de brise soufflait par moments, qui chassa des cendres dans la chambre.

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On n’avait jamais ressenti comme ce soir-là, dans la famille Desrocher, cette joie paisible et sereine, produit d’un accord parfait entre plusieurs âmes honnêtes. Anna avait obtenu de son mari qu’il n’allât pas au cercle. Tous les quatre, ils firent un whist, tandis que Jeanne, dans un fauteuil, faisait des efforts pour ne pas s’endormir. Cependant, le mari d’Anna, magistrat grave, à favoris noirs, déclara que pour bien jouer le whist il fallait un mort.

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Au milieu de la nuit, il fut réveillé ainsi que sa femme par des cris qui partaient de la chambre de Mme Desrocher. Ils la trouvèrent luttant avec son mari, qui, en chemise et à genoux sur le lit, lui serrait la gorge en poussant des grognements. On fut obligé de l’attacher ; et le lendemain il fut reconnu fou. Comme il avait des accès furieux, on l’envoya dans un établissement de France, où il mourut moins d’un an après.

On ne reçut la dépêche que le lendemain : le matin même, Mmc Desrocher avait été trouvée morte au lit, dans une altitude de lutte, avec des marques au cou.