Page:Toulet - La Jeune Fille verte, 1920.djvu/24

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muraille, qu’allumait un rayon de soleil. Deux guêpes, anguleusement, le sabraient de leur vol, attirées sans doute par des confitures, sous un tulle, tout fraîchement faites, et dont l’arome suspendu ne voilait pas tout à fait celui des placards de chêne, où, depuis un siècle, tant d’épices avaient dormi : le poivre et le safran, couleur du soir, la gingembre singulière.

Peu à peu, Basilida redevenait visible, à demi étendue sur un fauteuil de bord. Dans le silence, elle fit grincer son escabeau contre les dalles, et, tendant vers le jeune homme sa bouche pareille à la pourpre entrouverte d’une fleur :

— Embrasse-moi, dit-elle.

Mais elle le mordit, au point qu’il s’écria presque, et, la lèvre relevée, comme si, de ses brillantes dents, elle menaçait encore :

— Pourquoi, reprit-elle, caresses-tu mes servantes ?

Vitalis ne nia point.

— Vous me laissez seul tout le jour…