Page:Toulet - La Jeune Fille verte, 1920.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vitalis et son compagnon s’y étant rendus de bonne heure, il n’y avait encore, dans la salle, que deux commis-voyageurs, et M. Pétrarque Lescaa, sur la « terrasse », qui relisait son article. Il accompagnait cette délectation morose de sourires et de grimaces. Elle fut tout à coup troublée par les éclats d’un tintamarre qu’on entendit retentir de l’autre côté de la rivière, dans le quartier Saint-Éloi.

— Bonjour. Vlà les griots, dit un homme couleur de brique, à figure de soldat, qui s’assit à leur table.

— Bonjour, mon capitaine, répondit Vitalis. En effet, ce sont eux.

On voyait les musiciens, en bel ordre, gravir le poncelet qui, par-dessus les eaux graisseuses du Saleys, unit la rue de l’Empereur-de-Russie (ci-devant des Esclopiers) à la place Jeanne. Ils marchaient avec noblesse, les plus petits, d’un air héroïque ; cependant que tintinnabulait, comme une mule d’attelage, sous les médailles de clin-