Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14

figuraient la nature fécondante, les dieux femelles la nature fécondée ; et c’est pourquoi le dieu suprême était réputé hermaphrodite, comme réunissant en lui les deux forces primordiales.

» Quels étaient les deux premiers principes nés de l’action immédiate de la cause première, et dont les accouplemens produisirent ensuite tous les êtres ?

» Ici l’opinion se divisait ; chaque nation les trouvait naturellement dans les élémens qui influaient le plus sur sa destinée. Les premiers Grecs les appelaient Jupiter et Junon, et les confondaient, selon les lieux et selon le temps, avec le Ciel et la Terre, le Soleil et la Lune, le Feu et l’Air.

» Les Gaulois les adoraient dans le feu et l’eau ; c’était le dogme fondamental du druidisme. Tel était, aussi le principe de ta religion romaine, avant qu’elle eût été modifiée par l’influence grecque. Le feu et l’eau y étaient considérés comme les deux causes originelles de la génération des êtres, et c’est en ce sens, dit Varron, qu’ils figuraient dans les cérémonies du mariage : Igitur causa nascende duplex ignis et aqua. Et ideo in nuptis in limine adhibentur. Cette doctrine apparaissait clairement dans le culte de Vesta. Le temple de la déesse était rond, comme le monde dont il était l’image (orbis). Au milieu était établi le foyer de Vesta, symbole du feu central, sur lequel brûlait une flamme qui ne devait jamais s’éteindre. Les destins de l’empire étaient attachés à sa durée. Des bassins d’eau lustrale placés à côté de l’autel, marquaient l’union des deux élémens sacrés. L’eau représentait le principe passif ou femelle de la nature, et le feu le principe mâle ou actif ; à ce titre, il était considéré comme le plus puissant des deux. Les Gaulois, au contraire, croyaient que dans la génération, c’est le principe femelle qui exerce la plus grande influence ; de là leur vénération pour la lune et leur usage de compter par nuits au lieu de jours.

» De cette adoration de l’eau découlait naturellement l’usage de faire des sacrifices aux lacs, aux fontaines et aux fleuves. Les Romains le pratiquaient encore du temps d’Auguste. C’est Horace, l’homme le moins dévot de l’empire, qui nous l’atteste dans son ode à Blandusie :

« Fontaine de Blandusie, dit-il, plus claire que le cristal, lu mérites des liba-