Page:Toulmouche - Histoire archéologique de l'époque gallo-romaine de la ville de Rennes.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15

tions de vin pur ; demain je te ferai l’offrande d’un chevreau couronné de fleurs. Il teindra de son sang vermeil ta fraîche liqueur[1]. »

» Ceux qui ne pouvaient faire d’offrandes aussi considérables, présentaient ce qu’ils possédaient : du vin, du blé, de l’argent et une foule d’autres objets. Comme ce culte se confondait avec celui de Vénus, née des eaux, et symbole du principe passif, la même dans l’origine que Cybèle, les femmes y étaient surtout très-dévotes, et leurs offrandes consistaient naturellement en parures. Les jeunes filles, par exemple, déposaient, en se mariant, sur l’autel de la déesse, ou jetaient dans le fleuve l’agrafe qui fermait leur ceinture, l’épingle d’or ou d’argent qui nouait leurs cheveux. Les Francs qui succédèrent aux Romains étaient également adonnés à cette superstition. Procope raconte qu’ils immolèrent au Pô les fenunes et les enfans des Goths vaincus, et jetèrent leurs corps dans le fleuve, comme prémices de la victoire ; et pourtant ils étaient alors convertis au christianisme[2]. Quant aux Gaulois, l’un des peuples les plus superstitieux du monde, au dire de César, ils n’avaient garde de négliger cette coutume. La mer, les fleuves, les fontaines, les lacs, étaient chez eux l’objet d’une idolâtrie sans bornes. On y précipitait des chevaux vivans, on leur immolait des taureaux et des génisses ; riches et pauvres offraient ce qu’ils avaient de plus précieux, par exemple, du linge, des toisons, de la cire, mais surtout des pièces de monnaie. Cépion[3] fit retirer d’un lac, auprès de Toulouse, une grande quantité d’or et d’argent que les Gaulois y avaient jetée en offrande[4]. Ordinairement les villes adoptaient pour leurs génies particuliers les rivières et les lacs aux bords desquelles elles s’élevaient, ou les fontaines qui coulaient près de leurs murs ou dans leur sein, comme Ausonne nous l’apprend de Bordeaux :

  1. Od. lib. 3.
  2. Goth. lib. 2.
  3. Greg. Tur. de glor. confess. c. 2. − Max. tyr., lib. 1.
  4. Strab. 4.