Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/159

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et rase ta barbe. Toutes les fois que je serai ici tu fourniras ma table de poisson, tu m’entends ? » Et depuis je passe pour pêcheur. Et elle me dit encore : « Prends garde d’entretenir de poissons l’étang. » Mais quoi ! l’entretenir c’est impossible.

— À qui apparteniez-vous auparavant ?

— À Sergheï Sergheitch Pekhterev. Je faisais partie d’un héritage. Chez celui-là ça a duré six ans. C’est moi qui le menais quand il était ici ; à la ville il avait un autre cocher.

— Tu avais été cocher dès ta jeunesse ?

— Eh non ! eh non ! c’est du temps de Sergheï Sergheitch ; jusque-là j’étais cuisinier, mais pas pour la ville, à la campagne.

— Cuisinier de qui ?

— Eh ! de l’ancien bârine, d’Affanassi Nefeditch, l’oncle de Sergheï Sergheitch. Le vieux avait acheté Lgov et Sergheï Sergheitch est devenu le maître ici en héritant du vieux.

— À qui Affanassi Nefeditch avait-il acheté ?

— Hé ! à Tatiana Vassilievna.

— Quelle Tatiana Vassilievna ?

— Hé ! celle qui est morte l’an dernier près de Bolkhovo, c’est-à-dire près de Karatchov, vieille fille. Elle n’a jamais été mariée. Ne l’avez-vous pas connue ? Elle nous tenait de son