Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/160

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père. Celle-là nous a possédés assez longtemps, une vingtaine d’années.

— N’étais-tu pas son cuisinier ?

— Oui d’abord, mais bientôt elle m’a fait kofichenki[1].

— Son quo…

— Son ko-fi-chenki.

— Quel est cet emploi ?

— Eh ! je ne sais pas, moi, batiouchka, j’étais attaché à l’office et je ne m’appelais plus Kouzma, mais Anton. Tels étaient les ordres de la bârinia.

— Ton vrai nom est Kouzma ?

— Eh oui, Kouzma.

— Et tu as été tout le temps kofichenki ?

— Eh non, j’ai été aussi acteur.

— Vraiment ?

— Oui, je jouais sur le kéâtre[2]. Notre bârinia avait installé un kéâtre chez elle.

— Quels rôles jouais-tu ?

— Plaît-il ?

— Qu’est-ce que tu faisais au théâtre ?

— Hé ! vous ne savez donc pas : on me prend et on m’habille, moi je marche comme en travesti, je m’arrête, je m’assois. On me dit : « Parle,

  1. Kafatgi des Turcs, le préposé au café.
  2. Théâtre.