Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/218

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ces endroits on trouve souvent des cailles.) La bête attelée, je montai et m’arrangeai tant bien que mal avec mon chien dans le fond. Kassian, inaltérablement triste, se recroquevilla et se réduisit à rien sur la planche de devant.

— Vous faites bien, batiouchka, me chuchota mystérieusement Yerofeï, d’aller avec lui. C'est… comme cela, un innocent… et on l’a surnommé Blokha[1] ; d’ailleurs… je ne sais comment vous l’avez deviné.

Je voulus faire observer à Yerofeï que Kassian m’avait paru plein de sens, mais mon cocher continua à mi-voix :

— Veillez seulement et faites-vous bien mener où vous voulez, et choisissez vous-même l’essieu bien solide. Eh ! Blokha, ajouta-t-il en élevant la voix, y a-t-il du pain ici ?

— Cherche, peut-être tu trouveras, répondit Kassian.

Il tira les guides et nous partîmes.

À ma grande surprise, la rosse trottait assez bien. Pendant tout le trajet, Kassian resta absolument silencieux, ne répondant à toutes mes questions que par de maussades monosyllabes. Nous fûmes bien vite arrivés. Nous nous ren-

  1. La puce.