Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/285

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Et tous se mirent à rire. Plus fort que les autres s’esclaffait un jeune gars de quinze ans, probablement fils de quelque aristocrate de la dvornia. Il portait un gilet à boutons de cuivre, une cravate lilas, et il avait déjà du ventre.

— À vous, Koupria, dit d’un air satisfait Nikolaï Eréméitch égayé ; c’est fâcheux, n’est-ce pas, de servir comme chauffeur ? Mauvaise affaire, hein ?

— Mais quoi, Nikolaï Eréméitch, repartit Koupria, tu es maintenant le chef du comptoir. C’est bien, il n’y a rien à discuter. Mais toi aussi, tu as été en disgrâce et tu as habité une izba de cinq moujiks.

— Ah ! toi, prends garde, ne t’oublie pas, dit avec colère le gros caissier. Voyez-vous le rustre. On plaisante avec toi ; et tu devrais remercier le monde de bien vouloir adresser la parole à un fou ridicule comme toi.

— Pardon, Nikolaï Eréméitch, ce sont les mots qui ont amené cela.

— À la bonne heure.

La porte s’ouvrit et un kazatchok entra.

— Nikolaï Eréméitch, la bârinia vous demande.

— Qui est avec elle ?

— Akcinia Nikitichna et un marchand de Venev.