Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/290

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qu’est-ce que je veux ? Je veux me marier. Je me conduis en tout honneur.

— Mais où est ma faute en tout ceci, Pavel Andreitch ? La bârinia ne veut pas que vous vous mariez ; c’est sa volonté, que puis-je faire ?

— Vous, mais vous êtes d’accord avec cette sorcière. Dites donc que vous ne lui faites pas de rapport ! Ne calomniez-vous pas la pauvre fille ? Niez donc que ce soit à votre instigation qu’on a fait de la pauvre fille une laveuse de vaisselle, tandis qu’elle était blanchisseuse, et qu’on la frappe et qu’on l’enferme dans la cave ! Vieux fou ! c’est honteux, honteux à vous ! Mais allez, vous mourrez d’apoplexie, tu ne tarderas pas à rendre tes comptes à Dieu !

— Injuriez, Pavel Andreitch, injuriez, vous n’en avez pas pour longtemps.

Pavel s’emporta.

— Comment ? on me menace, dit-il avec fureur. Tu penses que je te crains ? Non, frère. Qu’ai-je à craindre ? je trouverai du pain partout. Et toi, c’est autre chose, tu ne peux que vivre ici, en me dénonçant et en volant.

— Voyez-vous comme il s’oublie, interrompit le chef de bureau qui commençait à perdre patience, un chirurgien ou plutôt un aide chirurgien, un vulgaire guérisseur !…