Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/292

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son de ton père, je lui ai brisé les deux cornes. Avis à toi, blanc-bec !

— Ne prononce pas le nom de mon père, Nikolaï Eréméitch.

— Mais… vas-tu me faire la loi ?

— Ne me rappelle pas mon père !

— Et toi, ne t’oublie pas, quoique tes soins soient utiles à la bârinia, si l’un de nous deux doit partir, tu ne tiendras guère, mon petit. La révolte n’est permise à personne. (Pavel tremblait de rage.) Tatiana est punie comme elle le mérite, et attends, elle en verra bien d’autres.

Pavel se jeta en avant les poings levés, et le chef de bureau tomba lourdement par terre.

— Qu’on l’enchaîne ; qu’on l’enchaîne ! gémissait-il.

Je n’achèverai pas de décrire cette scène dont la délicatesse du lecteur a peut-être déjà souffert.

J’étais de retour chez moi avant la nuit. Une semaine après, j’appris que Mme Losniakova avait jugé à propos de conserver à son service et Pavel Andreitch et Nikolaï Eréméitch, mais que la fille Tatiana avait été transférée dans une autre province.