Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux savoir le point juste où frappait la cognée.

— Écoutez, écoutez, entendez-vous enfin ?

— Mais où donc ?

Le Biriouk haussait les épaules.

Nous descendîmes dans un ravin. Là le vent me sembla s’être calmé et j’entendis très distinctement des coups mesurés. Le Biriouk me regarda et hocha la tête silencieusement. Nous continuâmes notre marche à travers des fougères et des chardons humides.

Un son prolongé et sourd retentit.

— L’arbre est à bas, dit le Biriouk.

Le ciel continuait à s’éclaircir, mais dans le bois on n’y voyait guère à plus de trois pas. Nous sortîmes enfin du ravin.

— Attendez ici, me dit à voix basse le forestier.

Il se baissa et, tenant son fusil en l’air, disparut à travers les broussailles. Je me mis à écouter attentivement malgré le bruit prolongé du vent. De petits coups me parvinrent. La hache ébranlait avec précaution le tronc coupé. Des roues crièrent, un cheval s’ébroua.

— Halte-là ! cria tout à coup la voix forte du Biriouk.

Une voix lamentable comme un cri de lièvre essaya de répliquer.

— Ne ruse pas, ne ruse pas, criait le Biriouk