— Foma Kouzmitch, dit le moujik d’une voix sourde et cassée. Hé ! Foma Kouzmitch !
— Que veux-tu ?
— Lâche-moi.
Le Biriouk ne répondit pas.
— Lâche-moi… la faim… lâche-moi !
— Je la connais, répondit d’un air morne le forestier. Vous êtes tous les mêmes dans votre village, tous voleurs !
— Lâche-moi, répétait le moujik. C’est l’intendant… Nous sommes ruinés, voilà, ruinés ! Laisse-moi aller !
— Ruinés ! Personne n’a le droit de voler.
— Lâche-moi Foma Kouzmitch, ne m’achève pas… Votre… tu sais toi-même… il me mangera !
Le Biriouk se détourna.
Le moujik frissonna comme dans un accès de fièvre. Sa tête tremblait, sa respiration sifflait.
— Lâche-moi ! répétait-il avec désespoir, par Dieu ! lâche-moi, je paierai, voilà, par Dieu !… par Dieu ! c’est la faim, la faim, les enfants qui crient… Tu sais comme c’est dur de vivre.
— N’empêche que tu ne dois pas voler.
— Le petit cheval, continuait le moujik, le petit cheval, au moins, laisse-le-moi, je n’ai que lui au monde ! Lâche-moi.