Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/318

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de la porte du salon, sur l’angle d’une chaise.

Mardari Apollonitch me fit, comme toujours, un accueil chaleureux. D’ailleurs toute visite lui fait un plaisir réel qu’il ne cherche pas à dissimuler. Le prêtre se leva et prit son chapeau.

— Attends, attends, batiouchka, lui dit Mardari Apollonitch sans lâcher ma main : ne t’en va pas, on va t’apporter de la vodka…

— Je n’en bois pas, répondit le prêtre en rougissant de confusion.

— Quelle sottise ! Hé Michka ! Iouchka ! de la vodka au batiouchka.

Iouchka, un grand et maigre octogénaire, entra aussitôt, portant un verre de vodka sur un plateau sombre semé de taches couleur de chair.

Le prêtre refusa.

— Bois, batiouchka, bois, pas de cérémonie : ce n’est pas bien, dit le pomiéstchik d’un ton de reproche.

Le pauvre jeune homme obéit.

— À présent, batiouchka, tu peux t’en aller.

Le prêtre se mit à saluer.

— C’est bon, c’est bon, va… Charmant homme, me dit Mardari Apollonitch en suivant le prêtre du regard. Je suis très content de lui, sauf qu’il est un peu jeune. Mais vous, com-