Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/320

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ces poules ? à qui ces poules ? » Enfin un dvorovi captura la poule blanche en l’écrasant de sa poitrine contre la terre, et au même moment sauta de la rue dans le jardin, par-dessus la palissade, une petite fille de onze ans tout ébouriffée, une baguette à la main.

— Ah ! voilà donc à qui sont ces poules ! dit le bârine triomphant. Ce sont les poules du cocher Ermil, et il a envoyé sa Natalka les chercher. Il n’a eu garde d’envoyer Parachka, ajouta le pomiéstchik entre ses dents. (Il rit d’une manière très significative.) Hé ! Iouchka ! laisse les poules et attrape-moi Natalka.

Mais, avant que Iouchka, essoufflé, eût atteint la petite, la ménagère, tombant là on ne sait d’où, l’avait saisie par le bras et lui avait déjà porté quelques coups dans le dos.

— Ah ! c’est comme cela ! c’est comme cela ! Té, té, té, té, té ! disait le bon bârine. Hé ! Avdotia, n’oublie pas de faire saisir les poules, ajouta-t-il de sa plus forte voix et le visage rasséréné. Comment trouvez-vous la chose, batiouchka, ajouta-t-il en se tournant vers moi. Moi j’en suis tout en sueur.

Et Mardari Apollonitch éclata de rire. Nous restâmes sur le balcon. La soirée était admirable.

On nous servit le thé.