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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/114

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il n’aurait qu’à s’asseoir sur le bord et pêcher à la ligne… Une heure, deux heures se passent, et la friture est prête. Quelle meilleure occupation pour un vieillard ?

— Vladimir Vassiliitch ? » s’écria pour la troisième fois Evlampia d’une voix impérieuse.

Et elle jeta loin d’elle les tiges qu’elle tordait dans ses doigts.

« Je m’en vais. »

Ses yeux rencontrèrent les miens.

« Je ne reste pas ici. »

Et bientôt elle disparut dans le bois.

« On y va ! on y va ! dit Slotkine… Martin Petrovitch lui-même nous approuve, continua-t-il en se retournant vers moi. D’abord, il se sentait offensé ; il murmurait même jusqu’à ce qu’il se fût rendu compte. C’était un homme, — vous vous en souvenez bien, — un homme violent, chaud, bien chaud. Maintenant, il est devenu tout à fait tranquille. Madame votre mère s’est fâchée contre moi… Que voulez-vous ? c’est une grande dame ; elle tient à son pouvoir, ni plus ni moins que Martin Petrovitch en son temps. Venez vous-même, voyez, et à l’occasion dites un mot en notre faveur. Je n’oublie pas les bienfaits de Natalia Nicolavna ; mais, après tout, il faut que nous vivions aussi.

— Et Gitkof ? demandai-je ; comment l’a-t-on refusé ? »

Slotkine haussa les épaules.

« Fedoulitch ? cette tête de cheval ? Mais, de grâce,