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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/179

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— Quoi donc ? »

Téglew se pencha en avant, — et se mordit les lèvres. Évidemment il hésitait…

« On m’a appelé ! dit-il enfin à demi-voix en détournant la tête.

— On vous a appelé ! Qui vous a appelé ?

— Une… (Téglew continuait à regarder du côté.) Un être que jusqu’à présent je supposais mort sans en être sûr… mais maintenant j’en ai acquis la certitude.

— Je vous jure, Élie Stépanitch, que tout cela est dans votre imagination !

— Dans mon imagination ? répéta-t-il. Voulez-vous vous en assurer par vous-même ?

— Je veux bien.

— Alors, sortons. »

VIII

Je me rhabillai promptement et je suivis Téglew dehors. De l’autre côté de la rue, en face de la cabane, il n’y avait pas de maisons, maïs on voyait une haie basse, rompue çà et là, à partir de laquelle une pente assez rapide descendait jusqu’à la plaine. Le brouillard continuait à envelopper tous les objets ; à vingt pas, on ne distinguait presque plus aucune forme. Nous traversâmes la haie, et nous nous arrêtâmes.

« C’est ici, dit-il en baissant la tête. Restez immobile, ne parlez pas, et écoutez. » Je prêtai l’oreille