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Page:Tourgueniev - Étranges histoires (Étrange histoire ; Le roi Lear de la steppe ; Toc, Toc, Toc ; L’Abandonnée), 1873.djvu/188

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qu’il veut se tuer ! Cela n’a pas le sens commun ! Il ne peut s’empêcher de poser !

Là-dessus, je m’endormis très-profondément ; quand j’ouvris les yeux, le soleil était déjà haut dans le ciel, et Téglew n’était plus dans la cabane.

Son domestique me dit qu’il était parti pour la ville.

XI

Je passai une journée fatigante et ennuyeuse. Téglew ne revint ni pour le dîner ni pour le souper. Je n’attendais pas mon frère. Vers le soir, un brouillard s’éleva encore plus épais que la veille. Je me couchai d’assez bonne heure. Un bruit sous ma fenêtre me réveilla.

Ce fut à mon tour de frissonner.

Le bruit se répéta, mais si réel, si net, qu’il n’était pas possible d’hésiter sur sa réalité. Je me levai, j’ouvris la fenêtre, et je vis Téglew. Enveloppé dans son manteau, la casquette sur les yeux, il était debout, immobile.

« Élie Stépanitch ! m’écriai-je, c’est vous ! Nous ne vous attendions plus ; entrez. Est-ce que la porte est fermée ? »

Téglew secoua négativement la tête.

« Je ne veux pas entrer, dit-il sourdement ; je voulais seulement vous prier de remettre demain cette lettre au commandant de la batterie. »

Il me tendait une grande enveloppe cachetée de