Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/136

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Du reste, je suis convaincu de votre discrétion.

— C’est trop fort ! s’écria Volinzoff tremblant de colère : je ne vous ai jamais demandé votre confiance, et par conséquent vous n’avez aucun droit de compter sur ma discrétion.

Roudine voulait dire quelque chose mais il se contenta de faire un geste de la main, de saluer, puis de sortir. Volinzoff se jeta sur un divan en tournant son visage du côté du mur.

— Peut-on entrer ? dit à la porte Alexandra.

Volinzoff ne répondit pas immédiatement et passa à la dérobée sa main sur son visage.

— Non, Sacha, dit-il d’une voix légèrement altérée, attends encore un peu. Une demi-heure après, Alexandra était de nouveau à la porte de la chambre de son frère.

— Michaël Michaëlowitch est arrivé, dit-elle, veux-tu le voir ?

— Oui, répondit-il. Prie-le d’entrer.

Lejnieff se montra.

— Eh bien ! qu’as-tu ? Es-tu malade ? lui demanda-t-il en s’asseyant sur un fauteuil auprès du divan.

Volinzoff s’était soulevé pour s’appuyer sur le coude. Il regarda longtemps son ami avec une étrange fixité, puis il se mit à lui répéter mot pour mot toute la conversation qu’il venait d’avoir avec Roudine. Il n’avait jamais jusqu’à ce jour fait allusion devant