Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/165

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— Non… autre chose… Croyez bien, madame, continua Roudine, que je n’oublierai jamais le temps que j’ai passé dans votre maison.

— Et moi, ajouta Daria, je me souviendrai toujours avec plaisir du jour où j’ai fait votre connaissance… Quand partez-vous ?

— Aujourd’hui, après le dîner.

— Si tôt… Eh bien, je vous souhaite un heureux voyage. Du reste, si vos affaires ne vous retiennent pas longtemps, peut-être nous trouverez-vous encore ici.

— J’ose à peine l’espérer, répondit Roudine ; et il se leva. Excusez-moi, continua-t-il, si je ne puis en ce moment acquitter la dette que j’ai contractée envers vous ; mais aussitôt que je serai arrivé chez moi…

— Laissons cela ! interrompit Daria ; vous m’affligeriez en insistant.

— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle.

Pandalewski tira de la poche de son gilet une petite montre émaillée et, inclinant prudemment sa joue rose sur son col blanc et empesé :

— Deux heures trente-trois minutes, dit-il.

— Il est temps d’aller s’habiller, répondit Daria. Au revoir, Dimitri Nicolaïtch.

Toute cette conversation entre Daria et Roudine avait eu un cachet tout particulier. Il en doit être ainsi quand les acteurs répètent leurs rôles et que les diplomates échangent entre eux des phrases combinées d’avance.