Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/32

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sins dont il se moquait même en leur présence, et qui le recevaient avec un certain demi-rire forcé. Il ne lisait jamais, et il était possesseur d’environ cent âmes ; ses paysans n’étaient pas trop malheureux.

— Ah ! Konstantin ! s’écria Daria Michaëlowna aussitôt que Pandalewski entra dans le salon ; Alexandrine viendra-t-elle ?

— Alexandra Pawlowna m’a donné l’ordre de vous remercier et de vous dire qu’elle se fait un véritable plaisir d’accepter, répondit Konstantin Diomiditch en saluant à droite et à gauche, et en passant dans ses cheveux supérieurement bien peignés une main grassouillette et blanche dont les ongles étaient coupés en triangles.

— Et Volinzoff sera-t-il aussi des nôtres ?

— Il viendra aussi.

— Ainsi donc, Africain Siméonowitch, continua Daria Michaëlowna en se tournant vers Pigassoff, selon vous, toutes les jeunes filles sont affectées ?

Les lèvres de Pigassoff grimacèrent de côté et il fut pris d’un tressaillement nerveux au coude.

— Je dis, commença-t-il d’une voix mesurée, — il parlait toujours lentement et clairement quand il était dans un accès de méchanceté, — je dis que les jeunes filles en général, — je me tais naturellement sur le compte des personnes présentes…

— Sans que cela vous empêche d’y penser aussi, interrompit Daria Michaëlowna.