Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/322

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– N’ont-elles pas reçu de visites hier ?

– Non. Et il tira la porte sur lui.

– Attends un peu… Fais-moi le plaisir… Loukianitch toussait et grelottait de froid.

– Que me voulez-vous donc ? dit-il.

– Dis-moi, je t’en prie, quel âge a ta maîtresse ? Loukianitch me regarda d’un air défiant.

– Quel âge a ma maîtresse ? Je n’en sais rien… Elle peut avoir quarante ans passés.

– Quarante ans passés ! Et sa sœur ?

– À peu près quarante ans.

– Vraiment ! Est-elle jolie ?

– Qui ? la sœur ?

– Oui, la sœur.

Loukianitch sourit.

– Je ne sais ce qu’en diront les autres ; à mon avis, elle est laide.

– Comment !

– Elle n’a pas une belle prestance, elle est pas mal maigre.

– Vraiment ! Et personne autre n’est arrivé chez vous ?

– Personne… Qui pourrait encore arriver ici ?

– Mais cela ne peut pas être…, je…

– Hé ! seigneur, il paraît qu’on n’en finira jamais avec vous, répondit le vieillard d’un air chagrin. Quel froid ! Je vous salue.

– Attends, attends…, voilà pour toi. Et je lui tendis une petite pièce de monnaie que j’avais préparée