Page:Tourgueniev - Dimitri Roudine, 1862.djvu/333

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Nous revînmes par le corridor.

– Quelle est cette pièce ? lui demandai-je en indiquant une large porte soigneusement cadenassée.

– Celle-là ? me répondit le vieillard d’une voix sourde, ce n’est rien.

– Cependant ?

– Eh bien ! c’est le garde-meuble. Et il entra dans l’antichambre.

– Le garde-meuble ? ne peut-on le visiter ?

– Quel plaisir aurez-vous donc à cela, monsieur ? répondit Loukianitch d’un air mécontent. Que voulez-vous y voir ? des caisses, de la vieille vaisselle !… C’est un garde-meuble, et rien de plus.

– Montre-le-moi, je t’en prie, vieux, dis-je, quoique rougissant intérieurement de mon opiniâtreté indiscrète. Vois-tu, je désirerais avoir dans mon village une maison pareille…

J’avais honte. Je ne pouvais parvenir à achever ma phrase. Loukianitch penchait sa tête grise sur sa poitrine et me regardait en dessous d’un air singulier.

– Montre-le-moi, lui répétai-je.

– Eh bien ! venez, répondit-il enfin. Il prit la clef et ouvrit la porte avec humeur. Je jetai un coup d’œil autour du garde-meuble. Il n’y avait, en effet, rien d’extraordinaire. Les murs étaient garnis de vieux portraits aux visages sombres et presque noirs, aux yeux méchants. Par terre gisaient des débris de toute espèce.